Photo: Université Lyon 2
Traitement numérique: M. Garrigou-Grandchamp
Jean CHEVALIER prenant la parole à la
cérémonie
du 10 octobre 2000
(Donation de cinq œuvres à l'Université Lyon 2)
Jean Chevalier est né le 11 avril 1913
à Saint Pierre
de
Chandieu (actuellement dans le département du Rhône).
Au début du siècle le village faisait alors partie du
département
de l’Isère. Belle petite commune comme tant d’autres en France
avec
sa place principale, sa belle fontaine «…où on allait
chercher
de l’eau et où les vaches venaient boire…» se
plaît
à raconter Jean Chevalier.
Avec son épouse Paulette aujourd’hui
disparue,
ils formaient un duo d’Artistes, à lui le dessin, la peinture,
à
elle la musique et tous deux partageaient la même passion pour la
poésie et la littérature.
Son parcours magistral de 1929 à 1932 à
l’Ecole Normale d’Instituteurs de Grenoble, d’élève
de Gleizes
dont il saura se libérer, va l’amener à côtoyer les
plus grands artistes de ce siècle, notamment à Moly
Sabata,
et la reconnaissance de son talent propulsera ses toiles dans les
plus grands musées nationaux.
De son grand-père entrepreneur et charpentier
qu’il admire beaucoup,
il a conservé l’amour du travail bien fait, la pureté des
lignes et la solidité des compositions.
Son éclectisme (Henri Giriat le définit
comme un « peintre, penseur et poète ») va l’amener
à essayer diverses techniques picturales non figuratives, allant
jusqu' à diriger, en compagnie de médecins psychiatres
(les
Dr Jacques COSNIER, Simon JALLADE et Ary BECACHE) un atelier
thérapeutique
(Hôpital de jour de la M.G.E.N. 44, rue Feuillat 69003 LYON)
où
les malades pouvaient “s’exprimer” au travers de la peinture et du
dessin:
intéressante expérience d'art-thérapie.
Comme Guillaume Apollinaire, il a su associer la peinture « langage lumineux » à la poésie dans ses "livres-poèmes" dont deux exemplaires "Intervalles" et "La dialectique du regard" font partie d'une donation de l'Artiste à l'Université Lyon 2.
Il sait reconnaître le talent artistique et le
faire
partager: il a ainsi fait entrer Anne Dangar
(qu’il
connaissait de Moly
Sabata
sur la commune de Sablons en Isère) au musée des
Beaux
Arts de Lyon par une généreuse donation.
On peut admirer les toiles de Jean Chevalier au
musée
d’Art Contemporain de Grenoble, de Bordeaux, au Musée Saint
Pierre
de Lyon et à l’université Lyon 2
Quai
Claude Bernard en compagnie de deux livres-poèmes d’une
extrême
richesse culturelle.
«…Aujourd’hui je ne me sens pas frustré de la peinture. Pour moi il s’agit d’un livre clos. Je lis les mouvements colorés anticipateurs sur nos interrogations extrêmes. Voir et toucher oui, et rien sans la matière, Notre matière… »
Jean Chevalier 29 mai 1994 (correspondance avec son
médecin).
Dr marcel GARRIGOU-GRANDCHAMP , Le 15 octobre 2000.
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Claude TRAVI a réalisé
en 1992 un
reportage vidéo consacré à Jean CHEVALIER: "Le
dessin
et la couleur" où l'artiste définit sa vision de la
peinture
et nous montre en direct la naissance d'une œuvre avec d'abord
ses
mouvements anticipateurs comme pour "apprivoiser" la toile et la
lumière
ou définir les lignes de force, puis la réalisation par
touches
successives au moyen de brosses et de pinceaux au long manche (pour
utiliser
l'effet de balancier nous dit-il) afin de donner vie et rythme à
la toile naissante. Mais le mieux est d'écouter Jean CHEVALIER
parler
"langage lumineux":
«…Je ne suis pas un sportif de la peinture…L'idée est de faire passer dans la lumière mes propres articulations de conscience…L'atelier est un volume de lumière, on entre, on est dans un volume de lumière…» M.G.G.
[Le
Dessin
et la couleur, 1992, Entretiens avec Claude TRAVI]
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Jean CHEVALIER et Saint Pierre de Chandieu
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Né le 11 Avril 1913 à Saint Pierre de Chandieu, Jean Chevalier est issu par sa mère d’une vieille famille du village: son grand père maternel, Laurent Quemin, était charpentier au « Carre », son oncle Pierre Gamache fut Président du Comité local de Libération et Premier Adjoint de 1959 à sa mort en 1964 (la bibliothèque porte son nom), son cousin Camille Floret fut Maire de 1971 à 1989 et dota le « village d’équipements modernes lui permettant d’affronter la fin du deuxième millénaire » (Dr Saunier et Mr Durand, St Pierre de Chandieu et son passé.).
Jean Chevalier passa son enfance à St-Pierre
de
Chandieu et, développant parallèlement à sa
carrière
d’instituteur son activité d’artiste, installa dans la
maison
familiale dont il hérita, son atelier de peintre.
C’est dans l’atelier de charpentier de son
grand-père
qu’enfant il découvrit l’art du trait, la rigueur qu’il implique
ainsi que la logique qui sous-tend le développement du dessin.
C’est
à l’Ecole Normale d’Instituteurs de Grenoble entre 1929 et
1932
que ses dons et son goût pour la peinture s’épanouirent,
guidés
par le professeur de l’Ecole. Cette formation trouva son plein effet
grâce
à la rencontre capitale qu’il fit alors du Conservateur du
Musée de Grenoble Pierre Andry-Farcy, grand connaisseur et
pionnier
dans la défense de l’Art Contemporain, qui lui ouvrit le monde
de
la peinture. Jean Chevalier devînt le chroniqueur artistique de
la
Revue des Alpes où il se fît remarquer notamment par
un article sur « Jondking et le
Dauphiné », et des articles
sur les Expositions du moment.
Il est ébloui lors de sa visite de
l’Exposition
de 1937 à Paris par le génie que Picasso déploie
dans
Guernica, la puissance de l’Art dans la dénonciation du crime et
de la bestialité. En 1938 il fait la connaissance successivement
de deux peintres auxquels il se réfèrera toute sa
vie,
Robert Delaunay et Albert Gleizes. De chacun il retient
l’essentiel:
de Delaunay la richesse de la palette et le rythme des mouvements
circulaires,
et de Gleizes, dont il rejette la métaphysique, les
leçons
qu’il retire de l’aventure du cubisme, planéité du
tableau,
liberté et nécessité de l’acte de peindre,
sincérité
de la démarche.
A la suite d’Albert Gleizes il se lance dans la
construction
de « tableaux objets » mais comme il
l’écrit
à M. le Maire (lettre du 17/03/1993) « c’est à
partir
de la fin des années 50 mais surtout 1970 que se constitue mon
apport
dégagé de l’influence de mes aînés (forte
influence
du Cubisme « le tableau objet » d’Albert Gleizes
et « l’orphisme »
de Robert Delaunay.) » L’Impressionnisme au 19ème
siècle,
le Cubisme au 20ème siècle ont renouvelé notre
façon
de voir, l’un en faisant éclater la couleur, l’autre en faisant
éclater la forme. Pour Jean Chevalier, l’acte de peindre est,
au-delà
de l’évocation sensible de la réalité (ce qui au
demeurant
renvoie toujours à des conventions), la clarification, la mise
à
jour d’une parole profonde, du fait d’existence de l’artiste, par les
moyens
du dessin et de la couleur. Il y a là production d’une
connaissance;
au spectateur de l’induire dans sa propre sensibilité car l’Art
est dialogue. Dans sa démarche Jean Chevalier fut soutenu,
encouragé,
dans un incessant dialogue de la musicienne et du peintre, par son
épouse
Paulette qui l’invita à aller jusqu’au bout de lui-même en
se libérant de l’étroite fidélité à
Gleizes tout en assumant pleinement sa filiation.
Dès 1942 à Moly-Sabata autour de Gleizes, à partir de 1946 au Salon des Réalités Nouvelles (Paris), aux Salons d’Automne et Regain (Lyon), aux Etats-Unis, en Allemagne, dans de nombreuses galeries parisiennes (L’Institut), lyonnaises (Folklore, Coutureau, Pantographe…), grenobloises etc… Jean Chevalier a fait connaître sa peinture devenant un acteur incontournable de la vie culturelle lyonnaise, ce dont témoignent également ses liens avec le groupe Témoignage et l’Académie du Minotaure comme la grande exposition organisée à l’Atrium de l’Auditorium Maurice Ravel de Lyon par Thierry Raspail et Bernard Gavoty en Mars-Avril 1987.
Jean et Paulette Chevalier ont voulu laisser un
témoignage
de leur attachement à Saint Pierre de Chandieu en faisant une
importante
donation à la commune, en 1991 puis en 1994, comprenant
notamment
quatre toiles destinées à la Bibliothèque Pierre
Gamache:
Peinture Tonalité bleue (1954) 110x80, Toile Orangée
(Mai1978)
92x65, Trace Tonalité Rouge (Mai1978) 92x65 et Toile
Orangée/Rouge
et Grise (vers 1970) 50x65.La première est actuellement
exposée
à la Bibliothèque, les deux suivantes sont
accrochées
dans le bureau de M. le Maire et la quatrième, n’est plus
à
la Mairie depuis 1996. Avec ces quatre toiles Saint Pierre de Chandieu
dispose d’un ensemble significatif d’une période
charnière
de l’œuvre de Jean Chevalier venant s’ajouter aux collections,
notamment,
des Musées de Grenoble et Lyon, de l’Université Lyon-2.
Jean Chevalier a souhaité que ces toiles soient
« le point de départ d’un développement
spécifique
à la commune ».
Pierre Dazord (Professeur des Universités, Président de l’Association Les Amis de Jean Chevalier.) Le 28 mai 2001.
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«…Un jour, pour exprimer la terre qui m'a nourri, je serai peintre; inévitablement, je rencontrerai la peinture occidentale. Je saurai entrer dans l'intimité d'un GAUGUIN et d'un MONET, d'un REMBRANDT et d'un VERMEER, d'un GIORGIONE et d'un TINTORET, tous ces grands maîtres qui ont exalté la couleur. Je comprendrai (avec la curieuse impression d'avoir depuis longtemps compris) que là où l'extrême ORIENT, par réductions successives, cherche à atteindre l'essence insipide où l'intime de soi rejoint l'intime de l'univers, l'extrême OCCIDENT, par surabondance physique, exalte la matière, glorifie le visible et, ce faisant, glorifie son propre rêve le plus secret et le plus fou…» Le dit de Tianyi (page 89) par François CHENG (Albin Michel, 1998); [lien avec article paru dans "Libération"]
Dernière mise à jour: 21 novembre 2001
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